20131030

.





La façade aveugle d'une maison est l'écran de minuscules événements que seul le regard attentif du photographe Yannig Hedel pouvait rendre visibles.
Parmi les dizaines d'immeubles banals qui se dressent dans la région lyonnaise, Yannig Hedel en a choisi un. Sans fioritures pittoresques. La seule particularité qu'offre l'architecture sans génie de l'immeuble est cette haute façade aveugle surmontée d'un toit triangulaire. Pendant six ans, au fil des jours, Yannig Hedel s'est appliqué à photographier cette façade. En noir et blanc.
Il a capté chacune des variations même infimes, qu'y imprimait la lumière du soleil. Et dans cette image réduite à l'essentiel le jeu de l'ombre et de la lumière compose la photographie avec une précision mathématique. De cet exercice d'ascèse, naissent des images d'une grande pureté. Le mur est un écran où travaille le soleil (De labore solis, titre de l'exposition) et la rigueur du photographe.
Dans cette nouvelle série choisie pour cette exposition consacrée aux travaux récents de Yannig Hedel, le spectateur attentif découvre les variations infimes qu'a capté l'objectif. Tantôt la lumière rasante met le toit en vedette. Tantôt elle fait apparaître les aspérités du mur qui prend l'aspect d'un papier froissé. Tantôt, qu'elle vienne de l'ouest ou de l'est, elle découpe des géométries régulières. Tantôt brutale, elle transforme la façade en un écran sans épaisseur.

Corinne Ibram
(extrait "Dernières Nouvelles d'Alsace" 1993),












































En hiver, au 186, rue de Pressensé,
le pignon du fond de la cour est totalement dans l’ombre.
Au printemps, en haut, à gauche de ce pignon apparaît un petit triangle blanc.
Cette tache de lumière grandit de mois en mois pour envahir le mur durant l’été.
A cette époque, en arrivant au zénith, le soleil déclenche chaque jour un jeu d’ombres ordonnées comme un mouvement d’horloge.
Lorsque la dernière forme sombre de cet enchaînement se rétracte, elle dévoile un mur d’un blanc éclatant que le soleil ponctue d’ombres chinoises jusqu’en soirée.
Ce pignon aveugle se transforme alors en un écran de cinéma où, dans une lumière crépusculaire, le soleil projette ensuite des paysages évanescents.
Avec la fin de l’été,
peu à peu, la lumière régresse puis,
durant l’automne, le mur retombe dans la pénombre.
Y. H. Sept. 93.












































.

,

.

,

.

,

.

,

.

,

.

,